Flore locale

Base de connaissances sur les végétaux locaux


Séchage et conditionnement des graines

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Séchage[modifier | modifier le wikicode]

Réssuyage de graines © Afac Pays de la Loire

Une fois dépulpées, les graines mouillées sont essorées rapidement, ou réessuyées 1 heure maximum au soleil. Le réssuyage sur tamis est possible mais il ne faut pas laisser les graines sur le tamis pour les faire sécher car celui-ci rouille et la rouille se dépose sur les graines : il faut les transférer sur des cagettes avec journaux. Ensuite, elles sont placées dans un séchoir à graines, à l'abri de la lumière, dans un hangar ventilé à température ambiante.

Séchage de graines © Prom'Haies en Nouvelle-Aquitaine

Séchage ne veut pas dire dessiccation !

Si les graines doivent être nettoyées et séchées, c’est pour éviter qu’elles pourrissent et pour permettre qu'elles soient stockées et semées plus facilement. Cependant, les graines doivent conserver une certaine “fraîcheur” et rester un minimum humides dans l’objectif d’une germination rapide. Une graine trop sèche mettra en effet plus de temps à germer et pourra perdre en capacité germinative.

Le séchage devra être “doux” : idéalement à température ambiante dans un bâtiment (ne pas dépasser 34°C), durant 24h, éventuellement plus (notamment s’il reste de nombreux résidus de pulpe comme pour l’Alisier blanc ou le Troène…). Il est déconseillé de sécher les graines en plein soleil ou sur un chauffage. Attention, toutes les graines ne se prêtent pas au séchage (Viorne obier…).

Le conditionnement se fait en sac papier (respirant) ou plastique (hermétique). Le sac plastique permet de jauger le bon degré de séchage (si de la buée se forme, il est probable que celui-ci soit insuffisant) et permet de surveiller les graines sans avoir à ouvrir les sacs. Il demande cependant une surveillance accrue car le risque de pourrissement est plus grand.

Étiquetage[modifier | modifier le wikicode]

Une fois préparées, vous pouvez mélanger vos graines dans un seul contenant et réaliser une étiquette “définitive” codifiant votre lot commercialisable qui sera envoyé au pépiniériste si les lots viennent de la même région d’origine (ou mis en culture si vous êtes collecteur/pépiniériste). En cas de contrôle vous devez pouvoir remonter, grâce à votre code, jusqu’aux informations concernant la collecte.

Stockage et durée de vie des graines[modifier | modifier le wikicode]

Conservation des graines[modifier | modifier le wikicode]

Garantir un approvisionnement en graines aussi régulier que possible est un enjeu important pour la filière Végétal local. Or, la collecte en milieu naturel est soumise à de nombreux aléas (notamment climatiques mais aussi parasitisme, maladies...) qui engendrent une production de graines variables selon les années. Les “mauvaises” années, cette production peut même être quasiment nulle, faute de fructification.

C’est pourquoi le collecteur et le pépiniériste sont souvent amenés à envisager la réalisation de stocks pour pallier les années difficiles. Les graines des espèces concernées par la filière Végetal local se prêtent, pour la plupart, à la conservation mais pas toutes.

Ainsi, les graines dites récalcitrantes ne se conservent pas car elles ne supportent pas la déshydratation (baisse de la teneur en eau de la graine pouvant aller jusqu’à 90%). Ces graines meurent rapidement quand elles perdent trop d’eau. La plupart des graines concernées sont produites par des espèces tropicales mais certaines vivent sous nos latitudes : les chênes, les saules, le châtaignier, le noyer, le hêtre, le peuplier…

Pour ces espèces, il n’existe actuellement pas de solutions de conservation à long terme. Elles ne peuvent être conservées d’une année sur l’autre et doivent être livrées au plus vite au pépiniériste. Ainsi, quelques jours après avoir collecté des glands, l’on peut en voir certains germer et devenir alors rapidement impropres à la mise en culture.

Cependant, la majorité des espèces de nos contrées et de ce cahier technique, produisent des graines dites orthodoxes, c’est à dire résistantes à la dessication, ce qui leur permet de résister aux basses températures et donc de pouvoir se conserver si elles ont été préparées, conditionnées puis placées dans des conditions optimales. Il est donc possible de stocker les graines de ces espèces.

Si la science fait état de durée record de longévité dépassant largement le millénaire, la longévité des graines est généralement beaucoup plus modeste, quelques dizaines d’années, voire quelques années seulement, si l’on a un objectif de production. En effet, chaque année passant, le nombre de graines vaines (non fertiles) a tendance à augmenter dans un lot de conservation. Difficile de garantir la germination d'un lot après trois ans de conservation. Les pépiniéristes préfèrent généralement les graines de l’année. Mis à part les graines récalcitrantes citées auparavant, il est donc possible de conserver durant deux ou trois ans, les graines de la plupart des espèces. Au-delà, il est possible que les résultats de germination baissent nettement.

Conditions de conservation[modifier | modifier le wikicode]

L’eau et la température sont deux facteurs essentiels de longévité des graines.

Le taux d'humidité des graines peut s’évaluer par la pesée d’un échantillon-test avant et après passage à l’étuve (105°C pendant 24 h ou 60°C pendant 48 h) mais très peu de structures sont équipées pour réaliser ce type de test.

Le conditionnement en vue de l’entreposage se fait généralement dans un contenant hermétique étiqueté dedans et dessus. Les sachets doivent être hermétiquement clos.

Le stockage pour une conservation de quelques mois à quelques années se fait aux alentours de 0 à 2°C. La conservation pour plusieurs années se fait en congélateur ou chambre froide entre -10 et -20 ° (idéalement -18°C) avec des teneurs en eau beaucoup plus faibles (<8%).

Conserver des graines demande une logistique et une organisation assez conséquente (gestion des stocks, achat d'une chambre froide, coûts indirects du stockage comme l'électricité, la surveillance, l'assurance...). C'est une prise de risque économique car le stockage engendre des charges sans garantie de vente, ce qui doit amener à se poser la question de son utilité et de sa rentabilité avant de se lancer pour un collecteur.


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