Semis et repiquage
Les semis se font à l'issue de la période de stratification, laquelle dure de quelques semaines à un ou deux ans selon les espèces. Le calendrier des semis dépend donc directement de celui de la mise en stratification. Pour la date de semis, il faut distinguer les semis précoces possibles dès mars si réalisés sous serre ombrière qui évite les gelées (pertinent en montagne ou sous climat très continental pour gagner du temps et permettre de disposer de plants commercialisables au bout de 1 an) ; alors que les semis de pleine terre devront se faire après les gelées. Dans ce cas, selon le climat, les plants seront commercialisables en un voire deux ans.
Le semis débute soit à l'issue de la période théorique de stratification, soit aux premiers signes de germination (lorsqu'environ 10% du lot germe). Un passage d'un à deux jours au “chaud” juste avant le semis favoriserait la germination. Cela peut s'effectuer à l'intérieur grâce à un système de chauffage dédié, ou en extérieur le long d'un mur exposé au sud durant une journée douce et ensoleillée.
À partir du commencement de la germination, le stade physiologique “jeune plantule” ne dure que quelques semaines dans l'année mais est décisif. L'individu est fragile et exposé à de nombreux risques : gel, sécheresse, pourriture, brûlures, attaques fongiques, déprédation, etc. La plus grande vigilance est de mise pour garantir un bon développement racinaire et aérien du jeune plant, gage d'une culture réussie.
Selon les espèces, le matériel et le choix du pépiniériste, plusieurs alternatives sont envisageables.
Deux choix techniques se distinguent :
Semis sous serre ombrière[modifier | modifier le wikicode]
En substrat de type terreau. Cela concerne principalement les pépinières situées en climat continental où les gelées tardives sont nombreuses au printemps et les variations de température entre le jour et la nuit marquées, ce qui est fortement préjudiciable pour les semis. La serre ombrière apporte un abri qui homogénéise les températures journalières et permet de s’affranchir du froid ou gel nocturne. Elle permet de gagner facilement 2 mois de végétation.
Semis en plaque alvéolée[modifier | modifier le wikicode]
Le semis en plaque alvéolée est la technique offrant le meilleur contrôle sur le développement des plantes. Elle se prête bien aux espèces dont la germination et le développement sont homogènes, le repiquage des plantules pouvant ainsi se faire de façon simultanée. Elle occupe toutefois une place conséquente, nécessite une plus grande vigilance quant au dessèchement, et est contraignante dans le cas d'une levée très hétérogène du lot.
L'atout des plaques alvéolées est d'offrir à chaque plantule un es-pace indépendant pour son développement, sans concurrence racinaire ni aérienne et permet d’éviter un repiquage de jeunes semis, opération toujours à risque. Il existe un grand nombre de formats de plaques alvéolées : nombre, diamètre et profondeur des alvéoles, matériaux plastiques rigides réutilisables ou non, systèmes anti-chignon, etc. Le choix du matériel dépend directe-ment de l'espèce concernée, et notamment de son système raci-naire, pivotant ou fasciculé, à développement important ou non.
Les alvéoles sont remplies avec un substrat de type “terreau de semis”, bien tassé dans chaque alvéole. Un “puits” est creusé en surface de chaque alvéole, de profondeur variable selon l'espèce à semer (profondeur environ équivalente au diamètre de la graine). Les semences sont déposées une par une, légèrement recouvertes de terreau, et tassées. Cette technique requiert d'avoir, en amont de la stratification, tamisé le substrat (vermiculite, perlite, ...) pour facilement le séparer des graines en vue du semis.
Durant toute la durée de développement des plantules, l'irrigation doit être contrôlée au plus juste : le substrat ne doit jamais se dessécher, ce qui causerait des retards de croissance voire la mort de la plantule, ni être trop humide au risque de favoriser l'apparition de maladies. Différents systèmes d'irrigation par aspersion ou par capillarité (à privilégier pour les espèces à fort risque de pourriture du semis), automatisés ou non, sont utilisables.
La lumière et la chaleur sont également des facteurs-clés à ce stade : en quantité suffisante mais jamais trop importante, ils garantissent le développement rapide des plantules. Le gel doit impérativement être évité, par des installations le permettant (serres, avec possibilité de chauffage) ou en intervenant ponctuellement les nuits les plus froides (voile d'hivernage, déplacement des plants à l'abri).
Les fortes chaleurs sont préjudiciables (surveillance sous serre notamment), tout comme une lumière directe tout au long de la journée. La plupart des espèces se développent à l'état naturel à l'ombre d'arbres et d'arbustes ; leur culture nécessite d'utiliser des voiles d'ombrage ou serres ombrières.
Le repiquage se fait généralement lorsque le plant fait 15-20 cm de haut. La plantule est extraite de son alvéole avec son substrat, ce qui réduit les facteurs de stress pour la plante et favorise son taux de reprise.
Semis en caissette ou terrine[modifier | modifier le wikicode]
Le semis en caissette est une alternative intéressante pour les lots de graines à germination hétérogène dans le temps, ou en cas de doute quant à la bonne réussite de la stratification. Cette technique est peu onéreuse, et occupe généralement moins de place dans les serres. La densité de semis est plus difficile à estimer. Un semis trop dense peut-être préjudiciable : développement rapide de maladies (fonte de semis), concurrence entre les plantules, repiquage délicat.
Le choix des caissettes se fait en fonction de l'espèce (système racinaire) et du nombre de graines à semer. D'autres supports comme des pots ou jardinières peuvent être utilisés, à condition que le repiquage reste aisé ensuite. Le lit de semences est préparé avec un terreau de semis, placé éventuellement sur un substrat plus drainant (sable, gravier, pouzzolane).
Le lit doit être tassé une première fois. Le semis s'effectue à la volée par-dessus, sans forcément séparer les graines du substrat de stratification si celui-ci est assez léger. Les graines sont recouvertes d'une fine couche de terreau (d'épaisseur équivalente au diamètre des graines), voire de vermiculite (reste du sachet de la stratification en vermiculite).
Durant la durée de développement des plantules, les paramètres et vigilances restent les mêmes qu'un semis en plaque, si ce n'est que le substrat est moins sensible au dessèchement. Une plus grande vigilance doit être apportée au développement de maladies.
Le repiquage a lieu au stade 4-6 feuilles, en prêtant attention à ne pas abîmer les racines des plantules. Si plusieurs individus s'entremêlent, les libérer délicatement les uns des autres, éventuellement dans un bain d'eau pour faciliter la séparation des racines. Les risques de fonte des jeunes plants sont importants après cette manipulation délicate.
Repiquage[modifier | modifier le wikicode]
Le repiquage se fait soit en pleine-terre (pour une commercialisation en racines nues), soit en godets (pour une commercialisation en godet).
En godets, on veille à réaliser le repiquage avant le début de chignonage des racines. Le chignonage des racines a lieu lorsqu’on laisse trop longtemps le jeune plant. Les racines manquent alors de place et elles s’enroulent autour de la bordure du godet, créant des défauts irrémédiables qui gêneront le futur arbre dans son développement, C’est surtout vrai pour les espèces à racines pivotantes (chênes, noyers, poirier, ..) ou fasciculées (pommier, érables, ...). C’est moins gênant pour les racines dites superficielles et très ramifiées (ex : viorne lantane, cornouiller sanguin, ...).
La commercialisation des godets se fait souvent en godets de 400 cm³, ce qui laisse un peu de marge pour repiquer lorsque les godets initiaux sont de 220 à 370 cm³.
Certains pépiniéristes repiquent les godets en pleine terre. La densité pratiquée va de 5*5 cm à 15 *15 cm selon la place et le type de plant souhaité. Plus l’espacement est large et plus le jeune plant développera des racines importantes et un branchage étoffé.
Semis en pleine terre[modifier | modifier le wikicode]
Possible en secteurs doux, à minima peu exposés au gel tardif et aux fortes variations de températures. C’est la technique la plus économique.
Les graines séparées du substrat de stratification par lavage sont semées à la volée (si le substrat a bien été tamisé en amont de la stratification, de manière à être de taille inférieure à celle des graines).
La bande de terrain a été soigneusement préparée par décompactage (conseillé), labour, reprise de labour très fine (comme pour un jardin potager). Le sol doit être bien exempt de mottes et roulé.
Le semis est ensuite recouvert de quelques millimètres d’un mélange de terreau et de sable. La largeur entre les rangs est de 1 à 1.5 m en général, de façon à pouvoir désherber à la main depuis l’allée.
La plupart du temps, les bandes de semis sont recouvert d’une petite ombrière pour contrer le risque de gel, et la dégradation des semis par des fortes pluies.
Atouts/contraintes de 2 techniques de semis[modifier | modifier le wikicode]
Technique de semis[modifier | modifier le wikicode]
Vidéo de la Mission Haie Auvergne-Rhône-Alpes : https://youtu.be/55XxQ8vrX8k
Suivi des semis en première année[modifier | modifier le wikicode]
Il faut veiller à ce que l’eau ne manque pas, en arrosant avec parcimonie et si nécessaire. Les jeunes plants font en général une pousse de printemps et une pousse potentielle de fin d’été. Le choix d'intensité et de période d'arrosage est à adapter selon le niveau de "rusticité" des plants que l'on souhaite obtenir. Il faut bien suivre le développement des adventices car ces dernières ont vite fait de dépasser le plant et l’étouffer. Et si les adventices sont grands, il devient délicat de les arracher sans prendre le risque d’arracher du même coup le jeune plant, très vulnérable.
Les plants en extérieur doivent être peu à peu acclimatés à la lumière lorsqu’ils sortent de la serre ombrière. Ceux qui sont repiqués doivent être mis sous les petits tunnels recouvert de film ombrière. On les acclimate ensuite au plein soleil en relevant les cotés petit à petit, lors de journées avec des nuages ; jusqu’à leur pleine ouverture.
Un suivi rigoureux des ravageurs doit être réalisé. Il faut surveiller sans cesse les campagnols. Attention également aux oiseaux lors de semis, aux cervidés (clôture électrique à poser si dégâts) et aux sangliers (dégâts en général à l’automne).
Remarque : il est possible de “pincer” les espèces buissonnantes pour stimuler la production de racines et de branchages. À éviter sur les espèces arbustives intermédiaires et bien entendu les haut-jets.
Arrachage[modifier | modifier le wikicode]
Il se réalise en général avec des lames souleveuses tractées par des tracteurs puissants (de 60 à 70 CV minimum). La lame doit pénétrer à au moins 20 cm de profond, l’idéal étant entre 25 et 30 cm. Il ne faut pas travailler en conditions trop sèches ou trop humides.
Les plants sont ensuite mis en jauge avant leur commercialisation. Une jauge en sable de 40 cm de profond minimum est à prévoir. À l’automne, il est nécessaire de prévoir les tranchées à l’avance pour gagner du temps.
Remarque : éducation en pépinières d’élevage. Cette pratique consiste à faire forcir et grandir des jeunes plants d’un an jusqu’à la taille suffisante pour un marché donné.